Réalisateur de la série The Hunger Games, Francis Lawrence diverge de ses films précédents et propose Red Sparrow, un long-métrage d’espionnage et de suspense qui offre un univers beaucoup plus sombre et violent que ce que Lawrence avait réalisé auparavant. Mais ce nouveau long-métrage, paru le 2 mars dernier (2018), est loin de faire l’unanimité, tant par son extrême violence que par les nombreux stéréotypes qui y sont présentés.
Dominika Egorova (Jennifer Lawrence) est une prima ballerina du Bolchoï, l’une des plus grandes compagnies de ballet russe. Sa carrière plus que fructueuse s’effondre lors d’une blessure sur scène, la laissant sans emploi, sans salaire. Afin de subvenir aux besoins de sa mère malade, Dominika se voit contrainte de travailler au service de son oncle tyrannique et de devenir une « sparrow », une agent capable de séduire l’ennemi. Dominika devient prisonnière de cet engrenage et de son rôle d’agent, et devra se rapprocher d’un agent américain afin de lui soutirer des informations, tant par la torture que par la séduction.
Le film comporte plus de clichés qu’il n’en faut. L’histoire se déroulant en Russie, les acteurs prennent un accent russe qui sonne particulièrement faux (tant dans le doublage que dans la version originale), et qui dérange tout au long du film. Ces accents nuisent beaucoup au sérieux et à la crédibilité du film, le spectateur est dès le début irrité et décroche face à ce qui semble par moment être une parodie. Évidemment, comme tout bon film d’espionnage hollywoodien, on nous présente une rivalité entre les États-Unis et la Russie qui est particulièrement clichée. On tombe rapidement dans le vite-fait, dans le déjà-vu. On ne peut pas dire non plus que le film propose une image positive de la femme : à l’exception du personnage principal, toutes les femmes présentées sont soit des proies facilement soumises ou des femmes cruelles et sans merci. Peu importe la boîte dans laquelle ils se trouvent, presque tous les personnages féminins finiront battus, violés et torturés à un point tel qu’ils en sont déshumanisés.
Le long-métrage dure 140 minutes, une durée totalement déraisonnable pour l’histoire présentée. Le début du film nous embarque rapidement dans l’histoire, avec une prémisse plutôt intrigante, afin de savoir comment le destin d’une danseuse étoile et d’un agent double américain seront liés. Mais dès le moment où Dominika s’enfonce plus profondément dans sa carrière d’espionne, l’histoire progresse lentement et ne suscite plus autant l’intérêt du spectateur (selon mon calcul —approximatif—, il y a environ 285 tuiles au plafond d’une des salles du cinéma de Dorion). On aurait facilement pu trancher 30-45 minutes du film sans nuire à la cohérence et au déroulement de l’histoire. Dommage que le cœur de l’histoire soit si mal exploité, puisque la fin, pour ceux qui ont la patience de s’y rendre, amène un tournant intéressant et une finale mieux ficelée que le reste du film.
Red Sparrow est classé 16 ans et plus, avec raison. Âmes sensibles s’abstenir d’aller voir ce long-métrage. Au-delà de la nudité, le film comporte d’innombrables scènes de violences difficiles, dont plusieurs viols et scènes de tortures, si bien que le Newsweek a décrit le film comme étant de la « torture porn », ce qui est parfaitement juste. Était-ce vraiment nécessaire d’en mettre autant? Un viol n’attend pas l’autre, et ne contribue pas en tout temps au développement du personnage principal, ni de l’intrigue. J’aurais préféré que les différentes séquences servent à développer le déroulement de l’intrigue plutôt que de constamment l’interrompre par de trop nombreuses scènes inutilement trop violentes. S’il est évident que la plupart des films d’espionnage comprennent nombre de scènes de violence particulièrement crues, cela ne justifie pas d’empêcher l’histoire de progresser pour autant. Servir le genre d’un film ne devrait pas être fait au détriment de l’intrigue.
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