La mode destructrice

Par Darya Nouhi

Les choix vestimentaires ont des impacts sur l’environnement, et il est grand temps de s’en rendre compte.

Vêtements, style, accessoires, couture, luxe, prêt-à-porter : tous des mots liés à la mode. Pour certains, la mode est une façon originale de s’exprimer et de faire ressortir sa personnalité. Pour d’autres, c’est simplement une façon de suivre les tendances les plus récentes et de faire ce qui est populaire présentement. Quelle que soit votre définition du concept de la mode, les choix d’habits que vous faites ont des impacts sur l’environnement, et il est grand temps de s’en rendre compte.  

Quand vient le temps d’évaluer l’empreinte écologique de l’industrie de la mode, il est primordial de comprendre avant tout le cycle de vie des vêtements. 

Les fibres textiles

Tout commence par l’exploitation de la matière première afin de pouvoir créer une fibre avec laquelle le vêtement sera conçu. Il existe trois types de fibres : naturelles, artificielles et synthétiques. Les fibres naturelles sont d’origine animale ou végétale, et ce sont les fibres les moins transformées chimiquement. Elles correspondent à du coton, du chanvre, du lin, de la soie, etc. 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces fibres ne sont pas nécessairement toujours plus écologiques. Par exemple, l’exploitation intensive du coton requiert une énorme quantité d’eau, beaucoup de terres et une énorme quantité de pesticides, ce qui mène à l’épuisement des ressources. Il faut alors s’assurer de bien comparer, en tenant compte de divers facteurs, les différents types de fibres afin de pouvoir déterminer laquelle laisse une empreinte écologique moins importante. 

De leur côté, les fibres artificielles sont des fibres naturelles qui sont transformées chimiquement. Des exemples de ce type seraient la viscose, le modal, le lyocelle, le bambou, etc. Ces fibres entraînent beaucoup de déforestation, puisqu’elles proviennent de la pâte de bois transformée chimiquement ou mécaniquement. 

Finalement, les fibres synthétiques sont à 100% d’origine pétrolière et le résultat de nombreux processus chimiques. Les fibres synthétiques les plus connues sont le polyester, le nylon, le spandex, l’acrylique et le lycra. Une fois les fibres fabriquées, elles sont envoyées aux usines. 

L’aspect visuel

Ensuite, la fibre est transformée et les vêtements sont fabriqués. Tout ce qui est en rapport avec l’allure de l’habit a lieu à cette étape : la teinture, le blanchiment, le filage, le tissage, la couture, etc. 

La coloration est probablement l’étape la plus désastreuse. En effet, les teintures utilisées sur les vêtements sont très rarement d’origine naturelle. Non seulement elles offrent une plus grande diversité de couleurs, mais elles sont aussi plus résistantes à l’exposition au soleil, au lavage, à la sueur, etc. 

Cependant, ces colorants artificiels représentent de grands dangers pour la santé et pour l’environnement. Il en existe plusieurs types, mais dans cet article, il sera majoritairement question des teintures synthétiques de type azoïque (contenant de l’azote et des dérivés potentiellement toxiques). Ce sont ces colorants qui sont à la fois les plus fréquemment utilisés et les plus dangereux pour notre santé et celle de la planète. À cause de leur toxicité, leur utilisation est même très réglementée et limitée dans de nombreux pays comme le Canada. 

Malheureusement, d’autres pays comme l’Inde et la Chine n’ont aucune loi protégeant l’environnement ou la santé de la population face à ces colorants toxiques, donc les grandes entreprises vont souvent faire teindre leurs produits dans ces pays. Ces substances chimiques peuvent être absorbées par la peau des consommateurs et causer des nausées, des difficultés respiratoires, etc. Mais ce sont principalement les ouvriers dans les usines de teinture qui en subissent les véritables conséquences, puisque ce sont eux qui sont le plus exposés à ces produits. 

De plus, aucun matériel de protection n’est offert aux travailleurs. Ni masque, ni gants, ni tablier. L’exposition intensive à toutes ces substances synthétiques cause une série de maladies graves comme des cancers, de nombreux problèmes pulmonaires, etc. 

Il est important de souligner que lors du processus de coloration des tissus, 20 % de la teinture utilisée est rejetée dans les cours d’eau lors du rinçage final de l’habit. Dans des pays comme l’Inde et la Chine, il n’y a pas non plus de réglementation stricte sur l’entretien des cours d’eau. Il y a donc eutrophisation des eaux, ce qui affecte la faune et la flore marine et la qualité de l’eau potable (lors de la filtration d’eau, les produits chimiques ne sont pas rejetés en entier). 

Saviez-vous qu’une blague courante en Chine dit qu’il suffit de regarder la couleur de l’eau de la rivière pour connaître la prochaine couleur tendance?!

Le transport

Puis, il y a le transport et distribution des habits aux centres de ventes. Ces transports se font généralement en avion, car il s’agit du moyen de transport le plus rapide, mais il s’agit aussi de celui qui pollue le plus! Le transport aérien représente 4,9 % des contributions humaines au changement climatique. 

L’achat

Finalement, les vêtements sont achetés, utilisés et jetés aux poubelles ou donnés à des centres de donation. À l’achat de leurs vêtements, les consommateurs cherchent naturellement à trouver les plus bas prix, mais ce qu’ils tendent à oublier, c’est que souvent, ces bas prix sont le résultat de la « mode rapide ». 

La mode rapide, plutôt reconnue sous son nom anglais fast fashion, se caractérise par l’augmentation de la vitesse et de la quantité de production, par les détaillants, qui visent à suivre les toutes dernières tendances populaires en forte demande. Ce mode de production tend à mettre au point des vêtements peu durables, car les fibres utilisées sont celles pour qui les coûts de production sont les moins chers, et qui sont aussi les fibres de pire qualité. Les ouvriers des usines de « mode rapide » travaillent dans d’horribles conditions. Malgré qu’ils travaillent pendant de longues heures sans pause et dans des lieux qui ne respectent souvent pas les mesures de sécurité mises en place par les autorités, la grande majorité des ouvriers ne reçoivent même pas assez d’argent pour nourrir leurs familles à chaque jour. 

Le fast-fashion est non seulement dévastateur du point de vue social, mais aussi du point de vue environnemental. En effet, la rapidité avec laquelle la production a lieu cause l’accélération de l’épuisement des ressources, notamment comme le bois et l’eau. D’ailleurs, saviez-vous que selon les techniques utilisées, il faut entre 5 400 et 19 000 litres d’eau pour produire 1 kg de coton? C’est énorme!

Bref, l’industrie de la mode a d’innombrables impacts sur les enjeux sociaux et environnementaux. Il est important de repenser notre mode de vie qui tend trop souvent vers la surconsommation et vers les achats impulsifs. Il ne faut surtout pas oublier de prendre l’habitude de se demander : « Est-ce que j’ai vraiment besoin de ce nouvel habit? ». Après tout, comme le dit Léonie Daigneault ; « Le vêtement le plus écologique est celui qui est déjà dans votre garde-robe »!

*Pour des solutions à une garde-robe plus écologique, cliquez sur les liens ci-dessous!

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