Par Odile Lefrançois
Des groupes marginalisés, des groupes fragiles, il y en a partout. Alors qu’on annonce que les nouveaux variants de la covid-19 représentent davantage de risques auprès de la population dite active et des jeunes, jusqu’ici majoritairement épargnés, nous suivons les nouvelles avec une éternelle question en tête : et moi, à quand mon tour ?
La campagne de vaccination a débuté il y a plus d’un mois déjà et les réponses à nos nombreuses interrogations se multiplient au même rythme que d’autres viennent. Est-ce sécuritaire de se faire vacciner avec tel ou tel vaccin ? Aura-t-on assez de dose ? Quand ? Pour qui ?
Ce qu’il faut avant tout retenir du message que les experts tentent de nous faire parvenir, c’est que les risques liés à la vaccination sont moindres que les risques de la pandémie. À l’étape où nous en sommes, après plus d’un an à jouer à confine-déconfine, c’est la meilleure et même la seule option que nous avons afin de ralentir la progression du virus, mais surtout, des morts qu’il cause. Si l’on veut revenir un jour à une vie normale, quelque chose qui ressemble et s’approche du avant, tous ceux qui le peuvent devraient donc se faire vacciner.
Fight me.
Je connais quelqu’un qui connait quelqu’un
Avec ce que l’on entend dans les médias, il y a néanmoins matière à se questionner sur l’ordre de priorité qui a été établi. Entre les pharmacies qui constituent des listes d’appels afin de rentabiliser le fond des doses qu’ils reçoivent et les nombreuses maladies chroniques qui ont simplement été reléguées dans la catégorie « population générale » malgré les risques de comorbidité qu’elles présentent, nous connaissons tous quelqu’un qui connait quelqu’un qui a été soit oublié par la vaccination, soit priorisé sans raison apparente. L’injustice, on la ressent.
Il est tout de même bon de se rappeler qu’il est rare que nous ayons nous-même toutes les informations nécessaires à une vue d’ensemble sans effectuer de recherches supplémentaires. Les médias sociaux comme les médias traditionnels ont souvent pour but de promouvoir des cas particuliers selon un angle défini servant à faire réagir ceux qui les consomment. On y propose sans cesse du contenu négatif, des incidents incohérents de la bureaucratie, sans jamais offrir de solution.
On juge, on commente, on passe à d’autres choses.
Ceux qui n’ont pas de voix
Bien sûr, montrer du doigt les situations absurdes reste important. Mais parfois, s’informer et relativiser nous permet d’accepter ce qu’on ne peut changer, et de changer ce qu’on ne peut accepter. Oui, vacciner d’abord ceux qui sont plus à risque de contracter ou de développer des conséquences graves de la COVID-19 est logique pour tous. Néanmoins, lorsqu’il reste des doses que l’on ne peut leur distribuer, n’est-il pas mieux de les offrir aux volontaires en « santé » que de les jeter ?
Je m’informe, je comprends, j’accepte.
Les situations les plus difficiles restent celles des personnes représentant des groupes trop petits pour obtenir la visibilité nécessaire à se faire entendre. Les maladies orphelines par exemple, ou celles concernant seulement un faible pourcentage de la population. Lorsqu’on ne prend pas de place, on est facile à oublier.
Moi qui suis privilégié.é
Notre devoir, en tant qu’individu, est de penser à plus grand que notre simple personne. Ceux qui ont le pouvoir de parler devraient s’en servir pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Parmi la marée de personnes pressées d’avoir leur tour, comment pourrions-nous participer à l’effort collectif de protéger les plus vulnérables ?
Changer ce qu’on ne peut accepter.
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