Parle-moi de ton anxiété

Par Léa Frédérique Tanguay

De nos jours, l’anxiété est un mot qu’on utilise souvent. Si souvent que ce mot est devenu banal. On l’utilise pour tous types de réactions. La définition exacte de l’anxiété est : « un état de trouble psychique causé par la crainte d’un danger ». Mais qu’arrive-t-il lorsque l’on demande à des gens qui sont anxieux ce que c’est de vivre avec de l’anxiété ?

« C’est comme un stress de longue durée, un stress non naturel, on ne sait pas d’où est-ce que ça vient ! » a répondu Rosalie G. Beaudoin, une étudiante en sciences humaines profil individu. « Les fins de sessions, ça me rend anxieuse; l’école en général me fait ressentir beaucoup de pression. » 

On parle souvent du stress avant les examens. C’est normal de le ressentir, mais lorsqu’il dérange ta vie de tous les jours, c’est une autre histoire. On appelle ce type d’anxiété l’anxiété de performance.

« L’anxiété à l’école vient souvent de l’environnement et des demandes » indique Valérie, un professeur au centre Champenois.

Ce type d’anxiété est un sentiment de peur de l’échec dans différents domaines de la vie, comme l’école ou le travail. Plusieurs personnes en vivent même à 49 ans. « J’ai eu beaucoup d’anxiété de performance parce que mes parents étaient très stricts et autoritaires. Plus tard, mon anxiété s’est transférée sur mon rôle de mère. Je m’en fais toujours trop. Un bon anxieux va toujours se trouver quelque chose pour faire de l’anxiété. » Julie Fauteux, une accompagnatrice scolaire au centre Champagnat.

On en connaît tous des mamans fantastiques, mais on ne réalise pas que certaines d’entre elles vivent avec de l’anxiété à longueur de journée. 

L’anxiété ce n’est pas seulement mental, mais cela peut aussi apporter des problèmes physiques. « Pendant longtemps ça a été très physique. Par exemple, au secondaire, ça a énormément été des problèmes gastriques. Il y a aussi les points au buste », a expliqué Claudia*. 

Quand le mental est trop chargé, le physique s’en mêle ! Il y a plein de symptômes physiques reliés à l’anxiété : troubles du sommeil, palpitations, tremblements, mains moites, frissons, maux de tête ou maux d’estomac, diarrhée ou constipation, impression d’étouffer, etc. L’anxiété, c’est plus que de la peur.

Les mensonges de l’anxiété

On pense que l’anxiété est un mot qui désigne le stress, mais au contraire, il y a une différence entre l’anxiété et le stress. Le stress est souvent relié à un événement, par exemple à un examen ou un rendez-vous, alors que l’anxiété est une vague d’angoisse ou de peur d’une durée indéterminée. 

On parle beaucoup de ce qu’est l’anxiété ou une personne anxieuse, mais on ne parle pas souvent des mythes de l’anxiété. « Le monde pense que ce sont des gens qui veulent juste de l’attention », souligne Claudia* face au mythe de l’anxiété véhiculée par de nombreuses personnes. 

« Les gens qui disent ‘’respire ça va passer’’ : non ça ne va pas passer si je respire ! », ajoute Julie Fauteux. Elle parle des gens qui banalisent les crises d’angoisse et de panique. Respirer n’est pas la solution à tout. « Les gens voient les personnes anxieuses comme des personnes qui sont susceptibles et ils pensent que les gens anxieux sont plus faibles » indique Mia Germain, une étudiante en technique de tourisme à l’ITHQ. L’anxiété est vécue de manière différente pour chaque personne, mais on connaît moins l’envers du décor !

Être anxieux, c’est lourd

« C’est très anxiogène et les personnes autistes ressentent beaucoup d’anxiété. Les personnes neurotypiques peuvent ressentir une échelle de 60 émotions alors qu’une personne comme moi, sur le spectre de l’autisme, va ressentir un nombre d’émotions vraiment plus petit. Donc, quand je ne me sens pas bien, ça va être très intense parce que je ne suis pas capable de me sentir, par exemple, mélancolique ou un peu triste ou alors un peu anxieuse. Ça passe de je vais très bien à je ne vais pas bien du tout », explique Alice Harpin-Coulombe, une jeune fille de 17 ans. 

L’anxiété n’est pas réservée aux personnes neurotypiques. Au contraire, les personnes ayant une déficience intellectuelle ou qui font partie du spectre de l’autisme sont souvent portées à faire de l’anxiété. « Honnêtement, je trouve ça difficile d’avoir de l’anxiété, ça me fait souvent sentir pas bien, et puis j’ai souvent envie que ça parte », témoigne une élève du centre Champagnat ayant une déficience intellectuelle.

Lors de mes entrevues, on m’a répondu souvent que c’était lourd, l’anxiété. Si on pouvait banaliser le sentiment de l’anxiété en un mot seulement, cela donnerait : « irrationnel » pour Rosalie G.Beaudoin, « négatif » pour Mia Germain, « étouffer » pour Julie Fauteux, « pression » pour le professeur au centre Champagnat Valérie,« paniquant » pour Alice Harpin Coulombe. « L’anxiété c’est un trop plein de mots », croit pour sa part Claudia*.

L’anxiété c’est plein de mots qui sont connectés. On en parle souvent, mais vivre avec de l’anxiété tous les jours, ce n’est pas comme on le pense. 

« J’ai commencé à me dire à moi-même que l’anxiété ce n’est pas moi. C’est juste un sentiment, il ne me détermine pas en tant que personne », explique Rosalie G. Beaudoin. On donne souvent une étiquette aux personnes qui nous entourent, mais l’étiquette « anxieuse » n’est pas politically correct et ça se comprend !

Tout se passe dans la tête

Comment on survit avec l’anxiété, c’est complexe. Certains sont diagnostiqués et d’autres ne le sont pas. Comment calmer les tempêtes qui sont dans nos têtes à ce moment-là ? J’ai eu droit à plein de trucs et astuces pour calmer l’ouragan. 

« C’est important de le comprendre, de l’écrire et d’en parler, parce que sinon, tu restes pris avec et ça empire. C’est aussi important de trouver les bonnes personnes à qui en parler », conseille Mia Germain. Les bonnes personnes à en parler, c’est qui ? « En parler avec des proches de confiance. Des personnes qui ont une bonne écoute », estime Claudia*. 

Il est aussi important de ne pas banaliser l’anxiété. Quelqu’un en crise pourrait se croire en train de mourir alors que tout va bien à l’extérieur. Tout se passe dans la tête.«  Il faut être doux avec soi-même. Ce n’est pas grave, de vivre de l’anxiété. Si on a un lion qui grogne en-dedans, il faut le flatter et lui dire “heille, c’pas grave” », ajoute Julie Fauteux.

*Certains noms ont été changés à la demande des personnes interviewées.

Si tu vis de l’anxiété, voici quelques personnes et ressources qui pourraient t’aider :

Au cégep :

-Stéphanie Tessier et Paul Payette (intervenants psychosociaux, facilement joignables par MIO.)

-Christiane Dastous  (les mercredis et vendredis)

À l’externe : 

-Phobies-Zéro( https://www.phobies-zero.qc.ca/

-Relief (anciennement Revivre)  (https://monrelief.ca/relief-1/a-propos-relief).-https://www.stresshumain.ca/

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